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La publication d'albums n'a jamais été une priorité de Bayard Presse, et la bibliographie qui suit n’est donc pas très fournie. Le succès du groupe repose sur un public d'abonnés à ses titres de presse : ainsi la création d'Okapi répondait à une demande des lecteurs de La Croix d'obtenir un journal de qualité pour leurs enfants et au début les exemplaires d’Okapi qui n’étaient pas destinés aux abonnés étaient mal distribués en kiosque, le réseau de diffusion passant plutôt par les lieux d'enseignement religieux. Comme souvent pour les périodiques, les numéros non vendus ont tout d'abord été reliés en albums : il y en a eu une dizaine à partir de décembre 1972 et jusqu'en 1974, qui rassemblent 6 numéros par volume.

À l'été de cette année-là, Bayard Presse décide d'éditer L'Album bleu (Belles Vacances), qui est un florilège des trois premières années du journal. Ce numéro hors série précède les premiers véritables albums du journal qui sortent à l'automne 1974. Bayard utilise pour l'occasion sa branche éditoriale, Le Centurion, pour lancer cette « collection Okapi » (en même temps que des albums Pomme d'Api). Le contenu du bimensuel a cependant du mal à trouver sa place entre la littérature religieuse et la littérature générale qui sont les spécialités de cette maison d'édition. Les livres qui paraissent ainsi en édition brochée sont donc en deçà de la norme des albums pour enfants de l'époque et même de la qualité originale d'Okapi. Par ailleurs leur faible tirage (environ 1500 exemplaires pour chaque titre) s'explique par leur destination presque réservée aux lecteurs du journal.
Les trois premiers titres qui paraissent en octobre 1974 sont une sélection des Mille Récits (10 textes dont La Chasse au tyrannosaure, qui donne son titre à l'album), la reprise des trois dossiers documentaires consacrés à Mon corps vivant et à la naissance, et enfin la publication en album de L'Île de la Momie.

Quatre nouveaux titres suivent en mai 1975 : un recueil des jeux de France de Ranchin réunis sous le titre Pions et Crayons ainsi qu'une anthologie des textes de la rubrique Dis-moi Denys (Qu'est-ce que ça fait à Dieu que j'existe?). L'Insupportable Grabote a droit à son album dans la collection, même si la toute première planche manque au recueil ainsi que la 33e (une « édition spéciale » qui faisait allusion à un fait réel : des catholiques intégristes avaient bel et bien brûlé des numéros d'Okapi en 1974...) Vive la chouette de classe est une sélection de 18 parmi les premières histoires de la série, parfois reformatées pour la publication. Un deuxième tome était annoncé : Ça bouge dans la Chouette de classe, mais il ne verra jamais le jour – pas plus que Les Sept Tombeaux d'Amiraseth ou la suite des aventures de Grabote à bord du Capsulotron... en effet les livres de la collection Okapi se vendent plutôt mal et certains sont pilonnés (pourtant Mon corps vivant sera réédité en 1979 et Dis-moi Denys deviendra une collection à part entière).

Quelques curiosités en marge d'Okapi : en 1973, Harlin Quist publie aux Etats-Unis Go, Go, Go, Grabote ! de Nicole Claveloux, une aventure inédite de l’insupportable personnage qui ne paraît en France que l’année suivante sous le titre Gare à Grabote ! bientôt suivie de Pas de grisbi pour Grabote ! Okapi, qui la publie dans ses pages depuis un an et demi, ne signale pas une seule fois l’existence de ces livres… En 1974, Quist publie également en France et aux États-Unis L'Hyper Labyrinthe de France de Ranchin et Jean Seisser, qui reprend trois labyrinthes d'Okapi. Olivier Renaudin, qui écrit pour le journal en 1974/75 Les Aventures du Président (deux histoires illustrées par Sophie Mathey) décide de les publier dans la collection « Joie de lire » de L'École des loisirs. Le Président et les Parisiens paraît en 1975, avec de nouveaux dessins d'Yvan Pommaux ; il sera suivi en 1979 par Le Président de la République a disparu, illustré par Michel Gay. Quant aux pages d'humour animalières de Fernando Puig Rosado, l'album Bêtes-Seller publié en 1978 chez Albin-Michel en regroupe plus d’une vingtaine.

Il faut attendre 1977 pour que la collection Okapi reprenne (sous forme cartonnée cette fois) avec un livre de Denys Prache qui, plutôt que de réunir les dossiers Sauver la terre, préfère développer la thématique de l’urbanisme dans l'album inédit Construisons demain, qui est une sorte de super-univers d'Okapi (et le premier d'une longue série d'ouvrages documentaires encyclopédiques pour la jeunesse, domaine où le rédacteur en chef se spécialisera après son départ du journal). Il dirige également la publication des volumes suivants de la série Dis-moi Denys : À quoi ça sert de croire en Dieu aujourd'hui ? (reprise d'Okapi, 1978) ; Ça veut dire quoi tous ces mots ? (reprise d'Okapi, 1979) ; Qui sont ces femmes de la Bible ? (inédit, 1983). Il est toutefois significatif que la seule rubrique du journal à avoir bénéficié d'une édition presque intégrale en albums soit précisément celle des textes catéchétiques... (et la reprise en albums de ces « propositions de foi » se poursuit en 1981 avec Quinze Gestes de Jésus, Libres Questions à Jésus etc...)

Le changement de formule du journal au tournant des années 1980 verra naître de nouvelles collections, éditées directement par Bayard Presse sans l'intermédiaire du Centurion. Une série d'Univers d'Okapi est ainsi publiée sous forme de fascicules individuels. Ces dossiers sont beaucoup moins encyclopédiques que ceux qui avaient fait la réputation du journal dans la décennie précédente et sont plutôt conçus comme des guides pratiques pour les 10-14 ans : une dizaine de titres paraissent entre 1981 et 1984, puis la série devient Documents Okapi (en fait ces « guides » préfigurent ce qui sera l'essentiel des publications de Bayard Éditions / Okapi par la suite et qui remplace les Univers des débuts).
Plus ambitieuse, la collection « BD Okapi » démarre également en 1981 (de pair avec la « BD Astrapi ») et se poursuivra pendant une douzaine d'années et une quarantaine d'albums publiés, sans parvenir à trouver sa vraie place dans l’édition de bande dessinée.
Vingt albums paraissent dans cette collection entre mars 1981 et avril 1986, qui reprennent des BD parues dans le bimensuel entre 1980 et 1985, le plus souvent sous la direction de Xavier Séguin : toutes les couvertures sont visibles à cette adresse http://okapi.wifeo.com/bandes-dessinees.php . Le plus grand succès de cette collection est sans doute Tendre banlieue de Tito mais c’est l’album Trafic de Cothias et Sternis qui reçoit l’Alfred jeunesse au festival d'Angoulème en 1985. Bayard décide alors de faire appel à un auteur de bande dessinée confirmé pour s'occuper du secteur BD à Okapi : curieusement son choix se porte sur Jean-Claude Forest, le « pornographe de la bande dessinée »... qui restera trois ans au journal et amènera avec lui des auteurs d'une sensibilité proche de la sienne. La collection devient alors « l'Aventure d'Okapi » pour les douze albums qui sont publiés pendant cette période, d'octobre 1986 à janvier 1989. Deux titres de la collection sont à nouveau récompensés à Angoulème en 1987 : Le Fantôme du Mandchou fou et le 3e tome de Tendre Banlieue, La Briqueterie.

Finalement Bayard Presse cesse de publier des albums de BD dans les années 1990, préférant créer une collection qui se rapproche à nouveau d'un périodique, « Bayard Poche ». Les derniers albums publiés sous le label Okapi sont d’ailleurs des adaptations de classiques pour la jeunesse, une spécialité que le groupe développe déjà dans Je bouquine. Les auteurs doivent donc s'adresser à des éditeurs spécialisés pour l'édition en album, alors que la prépublication se poursuit dans le journal. Le cas le plus exemplaire est celui de Tito, dont la série à succès Tendre Banlieue est éditée par Casterman à partir de 1991 (vingt titres parus à ce jour : voir l’article Wikipédia). De même, lorsque Bayard BD cesse d'éditer en albums les Aventures de Gil et Georges, Marc Wasterlain préfère abandonner cette série pour reprendre dans Okapi son personnage de Jeannette Pointu, que l'éditeur Dupuis se charge de publier. Nicole Claveloux s'adressera quant à elle aux éditions du Sourire qui mord pour publier en 1985 une anthologie des planches de Louise XIV parues dans Okapi entre 1981 et 1982 (« Dur, le pouvoir ! »), ainsi qu'une série de strips de Grabote dessinés en 1976/77 et demeurés inédits (Merci, Grabote, 1994).
Il ne subsiste guère aujourd’hui qu’une seule série de bande dessinée toujours publiée par Bayard Presse sous forme d’albums cartonnés, mais il s’agit des aventures de Marion Duval, le personnage qu’Yvan Pommaux a créé pour Astrapi…

Cette page a été construite très principalement par Jêrome COUZIN en mai 2014

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