Sous ce titre générique sont réunis une centaine de récits
publiés dans le journal sur une période de cinq ans, entre le numéro
10 et le numéro 130 ; au début de cette période, la rubrique
semble un peu perdue dans une « mer des histoires » dont émergent
des récits aux formes et contenus disparates, hésitant entre didactisme
et divertissement. Les récits illustrés y côtoient des bandes
dessinées ou légendées, les contes alternent avec des documentaires
ou des extraits de romans... Ce n'est qu'à partir du numéro 46 (octobre
1973) et au moment où le journal adopte une nouvelle architecture qu'il
conservera jusqu'en avril 1977, que les 1000 récits prennent une forme
plus définitive et recentrée sur les atouts d'un périodique
pour la jeunesse : tout en préservant leurs qualités ludiques propres,
les récits illustrés cherchent désormais à rapprocher
le lecteur du quotidien et de l'actualité, alors que la bande dessinée
et les documentaires s'en vont rejoindre des rubriques attitrées.
Que trouve-t-on dans ces 1000 récits ? des contes folkloriques et aussi
des « classiques », sous forme d'extraits ou d'adaptations, qui relèvent
encore pour certains du conte moral ou religieux (notamment à l'occasion
des numéros repères de Noël et de Pâques). Ainsi aux
côtés d'écrivains du XIXe s. comme E.T.A. Hoffmann, Conan
Doyle ou Villiers de L'Isle Adam, on trouve les autobiographies romancées
de Pagnol, Sabatier, Joffo, Saroyan, Mauro de Vasconcelos... et aussi des auteurs
primés ou éligibles au « petit Prix Nobel de littérature
» (les lauréats du prix H.C. Andersen : James Krüss, Gianni
Rodari, René Guillot), voire des nobélisés comme Selma Lagerlöf
ou Isaac Singer. S'il n'y a pas de parti-pris géographique dans le choix
des textes, on y retouve une proportion non négligeable d'auteurs anglo-saxons
(18 récits), tant la littérature enfantine leur est redevable de
son existence même.
Toutefois les 1000 récits ne sont pas limités à des reprises
d'auteurs reconnus et significativement le premier de la rubrique est un texte
élaboré collectivement par une classe de garçons de CM2,
« les aventures de Bacara » (les Okapiens seront par ailleurs régulièrement
conviés à tester leurs capacités de conteurs dans le journal).
Plus de 60% des 1000 récits sont des inédits, auquels il convient
d'ajouter également les adaptations et traductions que réalisent
au besoin les rédacteurs d'Okapi (le plus souvent non signées).
Ainsi le journal publie en 1973 « Un palais à détruire »
de Gianni Rodari, alors que le recueil dont cette fable est extraite n'est pas
encore traduit en français (c'est également le cas de textes de
Natalie Babbitt et Natalie Savage Carlson - toutes deux futures « nominees
» pour le prix Andersen). Les textes écrits par les auteurs «
maison », s'ils sont parfois au début de nature documentaire comme
les bandes dessinées scénarisées par Colette
Tournès (4 récits), prennent assez rapidement une tournure parodique
où l'humour tient une grande place. Les plus présents dans la rubrique
sont Jacques Espagne (14 récits)
; Anne-Marie Chapouton (5 récits)
; Martine Jauréguiberry
(5 récits) ou encore Bernard
Cretin (4 récits), ce dernier étant également illustrateur
de ses textes.
Il reste à souligner le rôle déterminant que les illustrateurs
ont eu dans le succès et l'identité visuelle de la rubrique :
parmi ceux-ci, c'est incontestablement André
Dahan qui a le plus marqué les 1000 récits de son empreinte
(13 récits), suivi de Maurice Garnier
(7 récits) et de Georges Lemoine (6
récits). Nicole Claveloux (9 récits)
et Volker Theinhardt (6 récits)
ne sont pas en reste, mais leur contribution n'est pas spécifique à
la rubrique. Plus isolées, les illustrations réalisées
par Tina Mercié, Marie-Odile
Willig ou Joëlle Boucher n'en sont
pas moins remarquables.
Les 1000 récits disparaissent de la nouvelle formule du journal à
partir du numéro 131 et il faudra attendre près d'un an et demi
avant que de nouveaux récits reparaissent de façon régulière
dans Okapi...
(texte de Jérôme)